Ah ! les émotions ! Un sujet fondamental lorsqu’on se penche sur notre développement personnel, sur notre bien-être ou tout simplement sur la recherche du bonheur. Pas facile de faire le tri, de les gérer au quotidien…
Sommaire
- De quoi parle-t-on ?
- Le cerveau et les émotions
- Le rôle des émotions
- L’intelligence émotionnelle
- Mais alors, comment gérer nos émotions ?
De quoi parle-t-on ?
Les émotions sont notre moteur interne, ce qui nous fait bouger. D’ailleurs le mot émotion vient du latin e movere, qui signifie mettre en mouvement. Une fois identifiées on peut leur donner une réponse pertinente, elles sont ainsi utilisées comme une boussole. Une émotion est une réaction (un mouvement de soi vers l’extérieur) à la fois :
–physiologique : les émotions siègent dans le cerveau limbique, sont liées au système nerveux et aux récepteurs sensoriels.
–psychologique, cognitive : les émotions sont bien sûr en lien direct avec nos pensées, nos croyances, notre culture, nos représentations, etc. Elles engagent les processus neurologiques du raisonnement et de la prise de décision.
–comportementale : c’est la façon dont s’exprime les émotions vers l’extérieur. C’est une forme puissante de communication.
Le cerveau et les émotions
Le cerveau est composée de différentes parties avec chacune ses fonctions, mais toutes connectées.
Les émotions trouvent leur origine dans l’amygdale, une partie du cerveau limbique, au centre du cerveau. C’est là que les stimuli extérieurs sont évalués. Puis L’information est transmise à l’hypothalamus qui régis les réflexes vitaux et au cortex pré-frontal, où interviennent le raisonnement et la prise de décision.
Une émotion est une réaction chimique et électrique, elles passent par les neurotransmetteurs et les hormones :
- La dopamine : impliquée dans le circuit de la récompense et du plaisir.
- Les endorphines : en cas de souffrance physique ou mentale.
- L’adrénaline : qui permet la fuite ou l’attaque en cas de danger.
- Le cortisol : pour faire face au stress.
Alors ? Le cœur ou la raison ?
On oppose souvent émotion et raison. Mais on vient de voir que les parties du cerveau liées aux émotions (le cerveau limbique) et la rationalité (le cerveau préfrontal) sont liés et se « concertent mutuellement »
Le rôle des émotions
Toutes les émotions ont une fonction fondamentalement utile : leur but ultime est de nous protéger.
- Elles nous alertent sur l’état de nos besoins face à l’environnement. Typiquement, la peur nous prépare à fuir ou combattre.
- Elles nous préparent à réagir. Préparation du corps à passer à l’action, orientation de la motivation, préparation du mental (la mémoire et l’attention sont influencées par les émotions).
- Elles informent. L’émotion transmet une information aux autres pour qu’ils adaptent leur comportement : ils ne se comportent pas avec moi de la même manière si je transmet des signaux de peur, de colère, de joie, de tristesse…
Toutes les émotions sont utiles. Elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, ni positives, ni négatives. Celles qui sont désagréables vont nous alerter. Si nous essayons de les étouffer, nous risquons de passer à côté d’un besoin insatisfait ou encore d'un danger.
De leur côté, les émotions agréables envoient un signal au cerveau du type : « Ah oui, ça j’aime, c’est bon pour nous, cherche encore cette situation… »
L’intelligence émotionnelle
Habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. Mayer et Salovey, 1997
L’intelligence émotionnelle, c’est un peu le mode d’emploi de nos émotions. Nous pouvons ainsi choisir notre comportement en fonction du contexte
-interne (nos besoins, nos valeurs)
-externe (les circonstances, la situation)
c’est la flexibilité psychologique
Cette aptitude favorise la résilience, la gestion du stress et une plus grande ouverture d’esprit. En somme, cultiver la flexibilité psychologique peut contribuer à améliorer la qualité de vie et à favoriser un bien-être mental durable.
C’est une des fonctions exécutive du cerveau qui nous permet d’utiliser les émotions comme une information sur le contexte et non pour prendre une décision. Autrement dit, de s’appuyer sur nos émotions pour décider en conscience et non y réagir et ainsi éviter le pilote automatique.
Mais alors, comment gère-t-on ?
Maintenant que l’on sait tout pleins
de choses sur les émotions, qu’elles sont toutes utiles, ni
positives, ni négatives mais simplement agréables ou désagréables,
maintenant que l’on sait qu’elles sont qu’elles nous informent
sur l’environnement et nous permettent d’ajuster notre
comportement, comment fait-on pour orchestrer tout cela ?
1 / Ne pas refouler nos émotions
Alors oui, le plan A c’est souvent soulever le tapis, y pousser le tas tout pourri dessous, reposer le tapis et bien tasser… ni vu ni connu.
Pourquoi ce n'est pas une solution ? Parce que plus vous repoussez les difficultés loin de vous plus elles vont vous exploser au visage. Comme une balle qu'on frappe contre un mur, plus on frappe fort, plus elle revient vite... Et puis trop contenir les émotions peut également être à l'origine de certaines anxiétés ou dépressions nécessitant une prise en charge médicale.
2 / Identifier et accueillir l'émotion
Ne pas enfouir ses émotions c’est les observer et les identifier pour les accueillir. Ce processus d’observation va permettre de faire un pas de côté, de prendre de la distance sur la situation.
Pouvoir identifier l’émotion c’est aussi être capable de la nommer. Cet exercice d’étiquetage aide également à prendre conscience du vécu. Plus nous aurons un vocabulaire riche, plus nous identifierons finement nos émotions : la peur n’est pas la même chose que la terreur, la joie est différente de l’enthousiasme, la colère est différente de la nervosité, etc.
Vous trouverez également une foule de listes d’émotions sur internet pour parfaire votre vocabulaire. J’aime bien celle-ci
3/ Se préserver des émotions des autres
Pour se protéger il est important de ne pas nous laisser emporter par les émotions des autres. Pour cela nous devons saisir la différence entre sympathie et empathie :
Sympathie : étymologie : ce qu’on éprouve avec autrui.
Empathie : étymologie : ce qu’on éprouve en dedans.
Si dans les 2 cas, on s’associe aux émotions de l’autre, dans la sympathie on partage l’émotion, il est question de lien affectif, alors qu’être en empathie suppose également de comprendre l’émotion vécue, de pouvoir imaginer être à sa place, mais de garder une certaine distance affective.
4/ Comment réguler les émotions ?
Ainsi lorsque l’émotion survient, vous pouvez l’observer et l’identifier, remarquer son empreinte dans votre corps :
« Cette situation me mets en colère, je sens mon cœur qui s’accélère, j’ai chaud, ma gorge se serre, une agitation musculaire, l’envie de casser des choses de crier… » Bref, comme si tout mon corps se préparait à la lutte.
Maintenant que vous avez accueilli l’émotion, vous pouvez la réguler, voici quelques outils, à vous de trouver, de tester celui qui vous convient sur le moment.
-Techniques de respiration
Toutes les techniques de relaxation et de respiration n’ont plus à prouver leur efficacité quant à la régulation des émotions. De nombreuses études existent sur le sujet.
Non seulement la respiration est essentielle dans la gestion des émotions, mais les études montrent également que la pratique d’activités basées sur la respiration profonde permet de lutter contre les insomnies, l’hypertension, le stress, l’anxiété, etc.
Que l’on parle de yoga, de méditation, de sophrologie ou de cohérence cardiaque, ces disciplines sont encrées sur la respiration profonde. On retrouve des témoignages de ces pratiques en -6000 av JC sous la pratique du pranayama, qui pour faire simple est la pratique de la respiration en yoga.
Si vous ne savez pas comment vous y prendre, vous trouverez pléthore d’applis gratuites (ou pas) pour débuter et vous faire une idée. Personnellement j’utilise :
-Activité physique
Le sport, l’activité physique en général, de manière physiologique aide à réguler les émotions : au niveau neurobiologique, l’activité physique permet la libération des endorphines, ce neurotransmetteur qui procure une sensation de bien-être (en fait c’est une morphine naturelle). De plus en travaillant la maîtrise de soi et la concentration nécessaire à l’activité physique, on développe notre capacité à réguler nos émotions, on augmente également notre confiance en soi.
-Activité créative
Pratiquer une activité créative est un excellent moyen de régulation des émotions par nature : la créativité permet d’exprimer les émotions, et de facto de ne pas les refouler. L’activité créative à la fois stimulante au niveau mental et physique, permet comme le sport de sécréter les différents neurotransmetteurs liés au bien-être et au plaisir et de baisser le cortisol, l’hormone du stress. La meilleure façon de procéder : choisissez ce qui vous fait plaisir ! l’activité dans laquelle vous êtes à l’aise (je n’ai pas dit performant), et amusez-vous !!
-La confiance en soi
Avoir confiance en soi c’est être convaincu que l’on a les ressources nécessaires pour accomplir une tâche, c’est aussi savoir que l’on peut compter sur soi. Et donc manquer de confiance en soi génère des émotions désagréables telles que le doute, la peur, stress, culpabilité, l’hésitation, la frustration voire l’envie.
Travailler sur sa confiance en soi va nous permettre de réfléchir nos projets ou simples décisions du quotidien de manière lucide et sereine.
-Le système de pensée
Et si on réconciliait le cœur et la raison ? Nous avons vu que la pensée et les émotions sont intimement et physiologiquement liées, au lieu de les opposer, ne peut-on pas s’appuyer sur cette relation pour réguler nos émotions ?
C’est finalement ce que se proposent de faire les thérapies comportementales et cognitives. Encrées dans le présent elles proposent de travailler sur le comportement et les pensées.
Je m’explique : face à une situation (un fait neutre, observable), notre cerveau produit une pensée, qui va déclencher notre émotion (agréable ou désagréable). A partir de cette émotion on choisit notre comportement, la réaction.
Exemple 1 :
Situation
1/Je dois garder les enfants toute seule ce soir
2/Je dois garder les enfants toute seule ce soir
Pensée
1/ Oh non je ne vais pas y arriver
2/ Oh, on va en profiter pour aller au ciné entre fille, papa ne voulait pas voir ce film !
Émotion
1/ Stress, angoisse, j’en veux à mon conjoint de ne pas être là
2/ Joie, excitation, enthousiasme
Action
1/ Sur la défensive, je m’énerve vite et cri sur les enfants
2/ Je profite du moment avec les enfants
Résultat
1/ Je culpabilise et perd confiance en moi quant à ma capacité à m’occuper de mes enfants : cela confirme la pensée de départ « je ne vais pas y arriver » -> C’est un cercle vicieux
2/ Je suis fière de moi, je nourri la relation positive avec mes enfants : cela confirme la pensée de départ « on va en profiter » -> C’est un cercle vertueux
Donc pour court-circuiter les émotions désagréables on peut travailler sur la façon dont on voit le monde, sur la maîtrise (hum, je ne suis pas fan de ce mot) de la pensée, sur le fameux biais de négativité qui nous fait voir les choses en noir. En coaching on travaille beaucoup sur les croyances transmises ou acquises, mais cela mérite bien un article… Remettre en question ses pensées, ses croyances est une posture passionnante, qui implique une position basse, de s’observer en toute humilité mais avec respect.
On peut également intervenir au niveau du comportement : avec l’esprit de l’observation scientifique : « voyons voir, dans cette situation, je ressens telle émotion et je réagis normalement comme cela… Et si cette fois je me comporte autrement, que se passe-t-il ? Quel est l’impact sur le résultat ? Est-ce que cela modifie mes pensées sur la situation ? Mes émotions ?